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La montagne d’Eu








La montagne d’Eu

Par Ana Paula Arendt*



Mais ô ville de rêve faite pour une fée la raconter. Il était une fois quand j’avais la foi pour devenir fée. Je la cherche, ma foi, pendant que je flâne parmi tes rues… La chanson matelot arrive alors à ceux qui portent une flamme vue. Notre Dame de l'Angoisse est devenue Notre Dame de la Joie! De la joie des hauts et bas d’une petite chanson médiévale qui me recueille… La rivière des cygnes m'a souhaité et m’a invité au maintien de son Histoire, à trouver le temps au-délà d’un coup d’œil: d'avant que la vérité fût cachée par la croûte des choses à venir. J’ai dans mes poches donc une pièce d’un château récupéré par les citoyens, ses souvenirs, des mousses du chemin, des pépins de raisins; des roses j’ai le muscardin; un petit galet d’un jardin enchanté; des livres qu’après la chasse j’ai ramassés. Oui, Monsieur, c’est vrai: on ne prend pas les chemins continus, jusqu’à ce que le circuit d’un spectacle soit complet**; on ne prend que la marche distraite, presque heurtée, de ce qu’on a vu. Je fais progresser la thèse que les fées comprennent. Ô Ville de gens sans soucis, Eu! J’écris à tes femmes fléchées par le feu, aux anges de neige ancienne, aux Saints d’esprit soluble, aux hommes qui ne veulent pas dicter tout ce qui existe et tout ce qui doit être... Alors: je parle à une ville aux entrailles de la France. Oui, ma chère Ville, j’ai vu ton château, et tous les regards il sait comment s’y prendre: le voir n’est pas du tout difficile. Il envisage dans une très grande symétrie les deux directions de sa Patrie: d’une face, la cathédrale de ses ancêtres qui garde le cresset de la gloire construite, où chacun s’allume; d’autre, le bois des siècles, où la hêtraie habite, parmi les brumes. Il y avait plein de verts et de versets à ton verger immortel! Pendant l'hiver, quelques roses se sont épanouies de ton cœur sacré, presque seul… Au pupitre de l’église, une dame de mèches blancs bouclés prend la parole: et des gens soupirent, puisqu’on manque une Grande Mademoiselle à son rôle. Sa délicatesse est encore visible dans les faces: un amour vivant a bâti vos rues et vos places, génération après génération… Alors après avoir vu des continents, après avoir eu les coups les plus durs du devoir… J’ai le privilège de découvrir un peuple bon et saint, dont les yeux sans recul se rencontrent, tous bonnards. Votre Saint plus ancien m’a reçu, et il m'a mené jusqu’à l’aiguille des plus hauts égards! Jusqu’au soleil des petits chapeaux des maisons sur la montagne. Depuis là on voit tout, l’esprit se gagne: la puissance d’un château et les lambrequins d’une cathédrale ne sont pas si différentes - ni de la beauté des plusieurs petits pavillons constante. Ils cherchent le même refuge dans la rencontre éternelle entre les cieux, la terre et la mer… On ne se retient que par la ruisselle émolliente, la chevelure du champ fier: La Bresle se jette sans peur de sécher. Son travail est écouler, par le trop-plein de poussières, pour faire l’eau pure, de sel et cristallinité. Depuis là, de ton point plus haut… Une portail s’ouvre au bleu de la mer dépote, paysage qui rend le jeune enfant muet… Pendant les secondes infinies qu’on a pour toujours gardé. Comment est-ce qu’une petite ville est devenue des Rois la fontaine? Comment est-elle devenue un repose pour des Hommes et Femmes d’État plus audacieux des terres lointaines? Ils sont devenus des Saints là, car ils ont été vaincus ici; parce qu’ils achevèrent la fatigue de l’ivresse du pouvoir, et ce berceau humain les a accueillis. La ville apaise ses Enfants distingués et maintenant… Ils veulent mourir là où la terre étreint le vaste océan, où chaque âme pieuse s’attire sans peur à Dieu, comme la Bresle; après un long parcours recueillant tout ce que l’a fait plus fertile, à l'aise. Chaque minute de nos vies ne s'éteint jamais! La montagne est le lieu de la permanence, désormais: d’un devenir soi-même. Et on trouve des gens qui ont gardé des fleurs et labouré des buissons, des gens qui ont creusé des bons faits, soudé les bénédictions. Moi aussi, j’ai cueilli une des pierres les plus vernaculaires de ton jardin pérenne: une pierre d’un crépuscule avec lequel j’ai plusieurs fois rêvé, d’être pleine. Après une année de rêves mystérieux avec la même petite pierre, je la trouve aux pieds d’Apollon, dans un brunante à ton jardin délicieux… Ah, rêve doux de réconciliation entre ce qu’on est et ce qu’on peut devenir… Doux aussi est le destin d’être remise à une ville dont le métier est l’histoire: le devenir de ce que nous en souvenons***. D’après, l’ordre céleste prend son chariot: vient la noirceur de la minuit de Noël, et le ciel est devenu constellé de plusieurs diamants, en suite… J’ai fait de cette pierre un anneau dans une dôme de cristal où on pense: j’ai la fait entourer d’un or pur et précieux de mon existence… Pour ce qui aurait pu être aussi un ami des fragrances - de la sagesse, de la prophétie, de l’ordre divine. Qui portera cet anneau d’un petit galet, qui trouvera aux choses plus ordinaires son sommet…? Je lui donne ce petit cadeau à tout homme qui se laisse être par une terre attachée… À tout jardinier qui pour sentir des roses les vénère; à tout diplomate paysan qui me reçoit comme une Reine étrangère; à tout citoyen qui a récupéré son héritage; au prêtre qui fait témoigne des âges… Au promeneur qui gravit cette montagne.


* Ana Paula Arendt, nom de plume de R. P. Alencar, est une poète et diplomate brésilienne, membre correspondante de l'Académie des Sciences de Lisbonne et de l'Académie des Sciences de New York.


** Paul Claudel .


*** « L’homme n’est l’homme que parce qu’il se souvient ». Anatole France, apud Paul Labesse.

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